Avant d’essayer de vous convaincre avec ma sélection, j’aimerais revenir sur l’article de Michel du 22 juillet dernier : « Mots, goûts et pragmatisme… Comment « dire » le vin? »
Je vous avouerai que ses propos m’ont pas mal secouée, tout simplement parce que moi aussi je m’interroge depuis un certain temps sur l’approche qui m’anime lorsque j’évoque le vin.
«Le vin c’est du ressenti», oui, tu as raison Michel; mais le ressenti, pris au sens absolu, n’est-ce pas avant tout une affaire de goût personnel, d’émotion intérieure qui risquerait de fausser un jugement ?!
Il me semble que sans la vouloir savante, une dégustation doit être sérieuse, c’est-à-dire s’appuyer sur des paramètres analytiques reconnus, même au risque, parfois, d’ennuyer certains lecteurs avec des descriptifs qui ne leur parlent pas. On ne peut pas intéresser tout le monde tout le temps.
Tout miser sur le plaisir, cette émotion positive, qui se caractérise par une sensation agréable, ne serait pas moins risqué, car le plaisir est d’abord un rapport avec soi-même, qui ne sera pas forcément partagé par tous. Il faut donc bien analyser, expliquer, argumenter, montrer, si l’on veut être compris de tous et ne pas tomber dans le vide de sens du « j’aime, j’aime pas ».
Formée à l’école de la dégustation analytique, je ne suis pas davantage convaincue par les mots utilisés par certains dégustateurs pour décrire un vin qui les «emballe», quand je lis ou j’entends : «C’est top…c’est glou-glou, c’est une bombe » ou pire « c’est une tuerie…», je suis profondément agacée.
Trop, c’est trop. Cette pauvreté de vocabulaire est pathétique, pour ne pas dire qu’elle cache un grand manque de culture. Et s’ils arrivent à donner envie à leurs lecteurs avec ces quelques mots, alors je n’y comprends plus rien.
En attendant, je vous propose quelques bouteilles que j’ai appréciées et qui m’ont procuré du plaisir (ce qui est subjectif, et lié au contexte, bien sûr), mais on vous disant pourquoi et, j’espère, dans quelle mesure elles pourraient vous aussi vous plaire. […]
Vin de France Grande Courtade Pinot Noir 2019
Cette cuvée faisait partie des bouteilles que Clémence Fabre m’avait envoyé suite à un long échange lors du dernier Millésime Bio, qui bien sûr n’avait pu se faire qu’en Visio, d’où l’envoi d’échantillons.
Le terroir de La Grande Courtade au sol argilo calcaire, provenant de l’assèchement d’un étang au 13ème, semble convenir au Pinot, il lui apporte fraîcheur, gourmandise. Au fil des dégustations des vins de ce domaine, j’ai pu constater que la Famille Fabre, dans un style attirant, produit des vins de cépages auxquels on résiste difficilement. Pour ce 100% Pinot noir, les raisins sont récoltés en pleine maturité. La macération dure entre 8 et 10 jours, à température contrôlée, pour offrir le meilleur du fruit. Elevage de 12 mois en fût de chêne français.
Un rouge marqué par une touche florale et épicée qui développe des arômes fruités rappelant les cerises noires, il étonne par sa pureté. La bouche est suave, juteuse, élégante, et plaît par sa trame très fraîche, ses notes fumées, ses tanins aériens et soyeux. Un ‘’ vin de copains’’ agréable, frais, tendre, fruité et finement épicé. .. et très accessible ! 9,30 €
Hasta Pronto !
Marie–Louise Banyols