En ce début de vendanges au château Fabre, Louis-Jacques et Clémence Ramin se tiennent côte à côte. Tous deux reprennent avec enthousiasme le flambeau de Louis, le père de Clémence qui leur transmet progressivement le domaine et son savoir-faire. Rencontre.
On ne peut aborder le thème des vendanges sans évoquer le terrible incendie que viennent de subir les vignerons des Corbières. Que vous inspire cette catastrophe pour la profession ?
L’incendie que nous avons vécu est dramatique pour les professionnels qui ont tout perdu, c’est incontestable. Cependant il ne faut pas oublier la véritable crise conjoncturelle dans le département de l’Aude qui est une double crise de marché et de production. Aujourd’hui cela devient compliqué à gérer. Une chose est certaine, c’est qu’il nous faudra impérativement faire venir de l’eau d’une manière ou d’une autre et assouplir la législation sur la possibilité de la stoker. Sans eau, il n’y a pas de vie. Nous cultivons en bio mais il est très important de capter l’eau qui part à la mer. On écoute que la dernière catastrophe mais il y a une crise globale, notamment liée à la consommation. Nous vivons une période imprévisible.
Face à ces difficultés quel est votre état d’esprit ?
Il faut rester extrêmement positif parce que dans notre région il y a quelque chose de formidable : nous avons démontré une extraordinaire résilience, on sait s’adapter comme la vigne d’ailleurs. Il y a des régions qui n’ont pas ces réactions. Notre région a construit sa réputation par sa capacité à faire arriver les raisins à maturité tous les ans ; à se réinventer. On sait faire des pétillants, des blancs, des rosés, des rouges ; tous très bons.
Ces vendanges, comment se dessinent-elles ?
Ce n’est pas une récolte facile, car les maturités sont venues très vite et très tôt. Nous avons commencé à vendanger à partir du 12 août. Par la suite il y a eu un coup de frais ces derniers jours, ce qui a créé de l’instabilité. Ce ne sont pas des vendanges constantes. Il faut faire preuve de patience. Il faut se hâter lentement.
Qu’en sera-t-il du millésime 2025 ?
En début de campagne on a surmonté quelques attaques de mildiou, la fleur ne sait pas toujours bien déroulée. L’état sanitaire est sain et la récolte de bonne qualité. Très belle maturité. La canicule a brûlé certaines parcelles. C’est le volume qui fait défaut pour la 3e année consécutive. Heureusement on sait s’organiser grâce à l’autorisation d’acheter du raisin nous sommes en mesure d’assumer une commercialisation constante.
Quel regard portez-vous sur votre profession ?
On ne pratique pas un métier simple. On le fait parce qu’on l’aime. Nous sommes portés par l’amour du produit et la foi que cela va bien se passer. Il nous faut être conscients que nos produits ont le meilleur rapport qualité prix dans le monde du vin. Il faut y croire et demeurer positif la région a d’énormes atouts.

